16 Avril 2019

Quelle est la stratégie Britannique ?

Pays et régions

Pourquoi les négociations sur le Brexit sont-elles aussi longues ? A qui profitent ces reports ? Qui va payer ? Quels sont les gagnants et les perdants ?

Quelle est la stratégie Britannique ?

"British Exit" ? Une partie d'échec ?

Le 23 juin 2016, l'ancien Premier ministre David Cameron, organise un référendum sur le maintien ou non du Royaume-Uni dans l'Union européenne. Le camp du "Leave" l'emporte avec 51,9% des voix et une participation supérieure à 72%, un record pour le pays. David Cameron démissionne quelques jours après le résultat.

Theresa May le remplace et entame un long processus de négociation avec l'Union européenne qui devait s'achever le 29 mars 2019. Le parlement britannique ayant rejeté tous les accords négociés avec Bruxelles, les dirigeants européens acceptent de reporter la date de sortie au 31 octobre 2019 pour essayer d'éviter une sortie du pays sans accord.

Pourquoi les négociations sont-elles aussi longues ? A qui profitent ces reports ? Qui va payer ? Quels sont les gagnants et les perdants ? Quelle est la stratégie britannique ?

C'est le moment de relire l'article "Négocier avec les Britanniques et les Irlandais après le Brexit" de Niamh Browne-Tixier et de Laure Dykstra, pour mieux comprendre les Britanniques et leurs tactiques de négociation.

Les Britanniques, de fins négociateurs

Quelles sont les techniques de négociation utilisées par les Britanniques pour obtenir gain de cause ?

1. Le pragmatisme

"Les Britanniques sont pragmatiques, attachés à des relations équilibrées entre les parties ; ce sont aussi des stratèges. Si nous portons un regard sur l’histoire de ce pays, nous constatons que le Royaume-Uni abrite un peuple de diplomates et d’informateurs, agents de renseignements, journalistes, espions et détectives. Agatha Christie en est une figure emblématique, comme Sherlock Holmes ou la vénérée agence Scotland Yard pour les institutions."

2. Le questionnement

"La collecte de renseignements à travers la méthode du questionnement comme l’avait proposé initialement Rudyard Kipling sert à une meilleure connaissance du contexte et du client. Les Britanniques sont ainsi très aptes à poser des questions plus qu’ils ne parlent ou ne livrent des renseignements eux-mêmes."

3. L'influence

"Pour parachever cette approche, ils croient aux vertus de l’influence, stratégie qu’ils déploient très en amont et qui leur permet de s’arroger les soutiens nécessaires pour renforcer leurs positions. Cette approche très efficace et mondiale est utilisée de façon courante dans les affaires, elle est discrète et indirecte : les Britanniques sont là dans leur zone de confort."

4. L'avancée en sous-main

"Cette approche ne met pas les Français très à l’aise. Plus aptes à discuter, débattre d’idées, plus rapides à prendre des positions de principe et peu enclins à poser des questions, l’avancée en sous-main des Britanniques leur échappent, d’autant que les Français ne cautionnent pas toujours une approche win-win. Ils sont plus portés à mettre en place des rapports de force, parfois même dès le début des négociations..."

La position du Royaume-Uni en Europe

"Entériner une telle décision remet a priori en cause un siècle d’implication continentale du Royaume-Uni. Elle remet aussi en cause la position de l’Irlande vis-à-vis de ses 26 partenaires de l’Union Européenne. L’Irlande est très dépendante économiquement et commercialement du Royaume-Uni, et la mise en place de barrières douanières affaiblirait sa position.

Pour le Royaume-Uni, ce ne sera pas la première fois. Déjà au début du XIXe siècle, il est entré dans une ère de splendid isolation par rapport à l’Europe. Cette position lui a permis de développer sa puissance financière, commerciale et coloniale.

Depuis trois siècles, la place de Londres a fait preuve d’une ingéniosité soutenue en matière financière. Mais peut-elle aujourd’hui maintenir la position qui est la sienne, face à l’attractivité de places financières comme Paris, Francfort, Dublin ou Luxembourg, aujourd’hui solidement ancrées dans l’Union européenne ?"

Extrait de Négocier avec les Britanniques et les Irlandais après le Brexit  de Niamh Browne-Tixier et Laure Dykstra

La ténacité anglaise

Pour compléter cet article et essayer de comprendre les Britanniques dans la situation actuelle du Brexit, nous vous renvoyons à "La ténacité anglaise", extrait de L’âme des peuples d’André Siegfried.

Insularité et internationalisme

Fortement ancrée dans leur tempérament, l’insularité explique la revendication d’indépendance des Britanniques. Par ailleurs contraints de vivre de l’échange, ils ont dû se tourner vers l’international. "La contradiction entre l’insularité et l’internationalisme commercial est l’expression même de la personnalité britannique"...

Il y a aussi "une indicible méfiance de tout ce qui n’est pas l’Angleterre" qui s’explique peut-être par cette volonté de rester distinct.

Pragmatisme

Quand le Français défend la vertu de la raison, l’Anglais annonce la faillite de la raison : "Si l’Anglais peut admirer l’intelligence brillante du Français, il lui accorde difficilement sa confiance". En se libérant de la logique, il se place sur un autre terrain dans la discussion. « I’ll muddle through » ne signifie pas « je me débrouillerai » à la française, mais « à force de patauger je m’en tirerai ».

"Réfractaire à l’intelligence cartésienne qui analyse, distingue, reconstruit", l’Anglais se méfie de l’intellectualité et de la logique. Il estime que les solutions restent précaires et doivent régulièrement faire l’objet de remises au point. "Il évolue dans l’instable, en acceptant cette instabilité comme un fait qu’il ne peut changer et contre lequel il serait vain de protester".

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